Le manque d’accessibilité des locaux et services constitue un des freins à l’intégration des personnes présentant un handicap. En réalité, le problème est toutefois bien plus large. Il concerne toutes les personnes « à mobilité réduite » qui, à un moment ou l’autre de leur vie, rencontrent des difficultés pour se déplacer.
La mobilité réduite, ça nous concerne tous.tes !
Qui pense PMR, pense systématiquement au célèbre pictogramme que l’on retrouve par exemple sur les places de parking réservées, qui renvoie principalement aux personnes en chaise roulante.
Cependant, ce petit raccourci dans notre cerveau nous induit en erreur.
Ce pictogramme est le symbole international de l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap. Ces personnes peuvent être porteuses d’une déficience motrice, visuelle, auditive ou cognitive. Cela ne concerne donc pas uniquement les personnes se déplaçant en fauteuil roulant, comme le signe pourrait le laisser suggérer.
Par ailleurs, ce sigle ne désigne pas non plus (toutes) les PMR…
En effet, la notion de personne à mobilité réduite est plus large que la notion de personne en situation de handicap.
Elle désigne la personne qui rencontre une difficulté à se déplacer et est soumise à des entraves qu’elle ne peut surmonter seule, ou très difficilement.
Le schéma suivant nous montre qu’environ 30 à 35% de la population rentre dans cette catégorie. Il ne s’agit pas seulement des personnes en situation de handicap, mais également des parents poussant un berceau, des personnes plus âgées ayant besoin d’une canne, ou encore du livreur qui transporte un colis avec un diable de livraison.
Nous pouvons aisément remarquer que nous nous retrouvons tous.tes, au cours de nos vies, dans une situation où notre mobilité se trouve réduite.
Quelles sont les règles urbanistiques ?
A Bruxelles, les titres IV & VII du RRU (Règlement Régional d’Urbanisme) indiquent les règles à suivre pour permettre l’accessibilité de tous et toutes. Le titre IV reprend les bonnes pratiques pour l’accessibilité des bâtiments. Le titre VII concerne la voirie, ses accès et ses abords.
En Wallonie, c’est le chapitre 4 du guide régional d’urbanisme qui donne les lignes directrices pour les bâtiments.
Ces documents ont valeur règlementaire. Ils sont obligatoirement applicables dans le cadre des demandes de permis d’urbanisme. Donc, dans le cadre de nouvelles infrastructures, d’extensions de bâtiments, de transformations lourdes ou, encore, de changements d’affectation.
Il faut toutefois garder à l’esprit que ces règlementations restent limitées. La législation manque parfois de précision. Pour garantir l’efficacité des mesures prises en matière d’accessibilité, le concepteur d’un projet ne doit dès lors pas hésiter à s’entourer de bureaux d’études spécialisés.
Concevoir l’accessibilité
L’infrastructure accessible à tout le monde se veut universelle. Ceci est bien différent d’une infrastructure adaptée qui est conçue pour répondre aux besoins d’un individu ou d’un groupe d’individus en particulier.
Nombreu.x.ses sommes-nous à concevoir un projet et, dans un second plan, à imaginer comment adapter ce projet pour le rendre accessible à tou.te.s. Et si nous réfléchissions dans l’autre sens ?
Plutôt que de vouloir ajouter des emplacements de parking réservés, des toilettes accessibles et des ascenseurs en fin de conception de projet, mettons-nous à la place de la personne qui souhaite se déplacer dans nos infrastructures.
Stationner
J’arrive à l’adresse où je souhaite me rendre. Première étape, stationner. Je dois pouvoir identifier facilement où se trouve le parking, mais également où se situent les emplacements réservés, et par quel cheminement y accéder. S’il y a une barrière avec un distributeur de ticket, celui-ci doit être facilement manipulable depuis mon siège.
Une fois garé.e, je dois pouvoir sortir aisément de ma voiture, c’est-à-dire avoir assez d’espace mais aussi me situer sur un revêtement plat et horizontal.
Entrer
Seconde étape : entrer. Maintenant que je suis sorti.e de ma voiture, il faut que je puisse identifier l’entrée (supposée être proche de l’emplacement réservé), et m’y rendre via une voie d’accès praticable. A l’entrée, il faut que je puisse manipuler la porte, mais également la boite aux lettres ou la sonnette, selon mes besoins.
Circuler
Troisième étape : circuler. Ouf, je suis entré.e. Maintenant, il faut que je puisse correctement circuler à l’intérieur, de manière horizontale et verticale. Je dois pouvoir m’orienter dans le bâtiment et atteindre les différents étages.
Utiliser
Quatrième étape : utiliser. Que ce soient les sanitaires, la machine à café, le bureau d’accueil… Je dois pouvoir utiliser les fonctions présentes dans le bâtiment, les identifier, comprendre leur fonctionnement et les manipuler.
Evacuer
La cinquième étape, c’est celle dont on espère ne jamais avoir besoin, mais qu’il faut toujours prévoir : évacuer. En cas d’évacuation, je dois pouvoir comprendre les signaux d’alarme, manipuler les boutons d’alerte et équipements de protection. Je dois pouvoir également identifier par où évacuer.
Ces 5 étapes consécutives constituent ce qu’on nomme la chaîne de déplacement SECU-E (stationner, entrer, circuler, utiliser, évacuer).
En les parcourant en amont et tout au long de la conception d’un projet, vous pourrez vous assurer :
- De prendre en compte l’ensemble des besoins des personnes à mobilité réduite ;
- De la cohérence des aménagements entre eux (inutile de dire que le placement d’un WC adapté dans un bâtiment uniquement accessible par un escalier constituerait un non-sens…).
Ces premières pistes de réflexion vous ont donné l’envie d’en savoir plus ?
Nous ne pouvons que vous recommander ces quelques lectures pour débuter :
- Le guide d’aide à la conception d’un bâtiment accessible publié par le CAWaB (Collectif Accessibilité Wallonie Bruxelles) ;
- Le guide d’aide à la conception d’un logement adaptable publié par la Région wallonne et la Confédération Construction Wallonne ;
- A3, L’Abécédaire d’Accessibilité pour les Architectes, Urbanistes, Maîtres d’ouvrage et Gestionnaires réalisé par le C.A.M.B.H.O. (Collectif Accessibilité Mons Borinage Hainaut Occidental).
Il suffit parfois de quelques efforts pour faciliter la vie d’un plus grand nombre ! Et nous sommes tous concerné.e.s.
Notre équipe a également à cœur de se former en la matière afin de pouvoir vous conseiller au mieux et de prendre ces aspects en compte dans le cadre des évaluations des incidences sur l’environnement.