Le 11 mars 2020, la Commission européenne a adopté son nouveau plan d’action pour l’économie circulaire. Puisque la curiosité et la formation continue sont au cœur des valeurs d’ADVISTA, nous profitons de cette occasion pour nous arrêter quelques instants sur ce concept désormais devenu un mot d’ordre au sein de l’Union européenne (UE), mais aussi en Belgique ! Ce plan d’action a pour objectif d’accélérer la transition d’une économie linéaire vers une économie circulaire au sein de l’UE afin de garantir une utilisation durable des ressources. Comme son nom l’indique, le modèle linéaire consiste en une approche cradle to grave (du berceau à la tombe) : extraction – fabrication – consommation – déchet.
Le modèle circulaire, quant à lui, consiste en une approche cradle to cradle (du berceau au berceau). Ce principe invite à prendre des mesures pour que chaque étape de la vie d’un produit soit plus durable en partant du sommet de la chaîne de valeur : conception des produits ; processus de production ; consommation ; gestion des déchets ; transformation des déchets en ressources : et la boucle est bouclée ! En d’autres termes, il s’agit de faire en sorte que les matériaux utilisés dans un produit restent dans l’économie le plus longtemps possible en les utilisant encore et encore, afin de maintenir leur valeur et de minimiser la production de déchets.
Le gouvernement fédéral belge et les trois Régions (Bruxelles-Capitale, la Wallonie et la Flandre) ont également décidé de s’aligner afin d’assurer leur transition vers une économie circulaire. De la lutte contre le gaspillage en Flandre au renforcement du tri des déchets en Wallonie, en passant par le développement du réseau de repair cafés ou la transition du secteur de la construction vers un modèle circulaire dès la conception des projets, le pays entend bien jouer un rôle de précurseur ! [1]
Quels avantages ?
Économies de ressources, renforcement de la compétitivité économique, création d’emplois et valorisation de l’image de marque : une gestion plus efficace et plus durable des ressources comporte bien des avantages pour les entreprises.[2]
La circularité permet par ailleurs de lutter contre les changements climatiques en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, et de préserver la biodiversité en réduisant les pressions exercées sur les ressources naturelles.
En effet, la
moitié des émissions totales de gaz à effet de serre et plus de 90 %
de la perte de biodiversité et du stress hydrique proviennent de l’extraction
et de la transformation des ressources. Aujourd’hui, l’économie
européenne est encore essentiellement linéaire. Les produits cessent de
fonctionner trop tôt et beaucoup ne peuvent être réutilisés, réparés, recyclés,
ou ne sont conçus que pour une seule utilisation.[3]
Concrètement ?
L’économie circulaire s’articule autour de plusieurs concepts clés :
- La symbiose industrielle (ou écologie industrielle) : analyser et échanger les flux de matière et d’énergie entre plusieurs entreprises afin de créer un écosystème au sein duquel les besoins sont mutualisés et où les déchets des unes deviennent les ressources des autres. Si le parc industriel de Kalundborg au Danemark reste l’exemple le plus célèbre de symbiose industrielle, on relève en Belgique notamment le parc industriel Kaiserbaracke, où diverses entreprises de l’industrie du bois se sont organisées pour travailler en synergie ;
- L’économie de la fonctionnalité : vendre l’usage d’un produit plutôt que le produit lui-même. Il s’agit, par exemple, de vendre la mobilité plutôt qu’une voiture (Cambio, Villo) ou un service de nettoyage plutôt qu’un lave-linge. Les exemples ne manquent pas en Belgique, notamment dans le secteur immobilier où il est possible de mutualiser des services et des espaces comme dans le (super) Louvain Coworking Space où nous avons élu domicile ! ;
- L’écoconception : prendre en compte l’ensemble des impacts environnementaux d’un produit, d’un procédé ou d’un service, à chaque étape de son cycle de vie. L’écoconception permet d’augmenter la durée de vie des produits, de faciliter leur réparation et leur recyclage, et de les rendre plus modulables. À l’échelle d’un projet immobilier, ce concept se traduit chez nous par l’utilisation d’outils tels que TOTEM (Tool to Optimise the Total Environmental impact of Materials), BIM (Building Information Modeling) ou encore par le concept BAM (Bâtiments à Affectations Multiples) ;
- La logistique inversée : réduire, réutiliser et recycler (3R) les ressources afin de boucler la boucle de l’économie circulaire. De plus en plus d’acteurs belges adoptent ces principes tels que ECO-oh, Derbigum, Renewi ou encore Permafungi, une coopérative qui produit des pleurotes en recyclant du marc de café à Bruxelles. Plusieurs projets de landfill mining, un concept qui consiste à exploiter d’anciennes décharges ou lieux de stockage de déchets en les considérant comme des mines potentielles de matières secondaires à valoriser, ont par ailleurs été initiés et coordonnés par diverses entités privées et publiques belges.
Le modèle circulaire encourage tant les entreprises que les citoyens à changer leurs modes de production et de consommation. Fascinée par l’ingéniosité des porteurs de projet qui élargissent leur périmètre d’étude pour évaluer les besoins ou les ressources présentes en dehors de leur entreprise, à l’instar d’un individu au sein de son écosystème naturel, l’équipe d’ADVISTA continue d’apprendre et de s’inspirer de ces nombreux acteurs qui ont déjà adopté ce modèle durable.
[1] PNUE, 2020. La Belgique, en route vers une économie circulaire, le 25 février 2020. https://www.unenvironment.org/fr/actualites-et-recits/recit/la-belgique-en-route-vers-une-economie-circulaire
[2] SPF Économie, 2018. Financement de l’économie circulaire, p.8-9.
[3] Commission européenne (2020). Changer nos modes de production et de consommation : le nouveau plan d’action pour l’économie circulaire montre la voie à suivre pour évoluer vers une économie neutre pour le climat et compétitive dans laquelle les consommateurs ont voix au chapitre. Communiqué de presse, 11 mars 2020. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_20_420